Tuesday, October 2, 2007

René Char

né le 14 juin 1907 à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse.


En 1929 René Char adhère au mouvement surréaliste. René Char a 22 ans, la plupart des autres poètes: Aragon, Eluard, Breton sont âgés d'environ trente ans."J'étais un révolté et je cherchais des frères: j'étais seul à l'Isle, sauf l'amitié de Francis Curel qui avait l'imagination nocturne." Sa profession de foi du sujet débute ainsi : ... "Je touche enfin à cette liberté entrevue, combien impérieusement, sur le déclin d'une adolescence en haillons et fort peu méritoire...". Mais ce n'est qu'un passage pendant lequel il signera quelques tracts et un recueil en commun avec Eluard et Breton en 1930, "Ralentir travaux".


En 1934, il reprend son indépendance. Son oeuvre devient celle d'un solitaire ne souffrant aucune compromission. Elle témoigne de son insoumission devant les agressions du monde. Char est un homme d'action, le devenir du monde l'importe au plus haut. En 1937, il dédie son Placard pour un chemin des écoliers aux "enfants d'Espagne". Démobilisé en 1940, il entre presque aussitôt dans la Résistance sous le nom de guerre d'Alexandre. Il écrit son journal, chronique de la résistance, qui sera publié sous le nom les Feuillets d'Hypnos (1946). En 1948, le danger de pollution de la nature lui inspire une pièce, le Soleil des eaux. En 1965, il mène campagne contre l'implantation de fusées nucléaires sur le plateau d'Albion.


La poésie de Char puise sans cesse dans le réel et dans la terre. Il est enraciné dans son pays natal et s'inspire abondamment de la Provence, de ses pierres, sa flore et sa faune. Mais ce côté bucolique n'est que l'apparence d'une recherche toujours plus rigoureuse de son état d'homme "Cet élan absurde du corps et de l'âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c'est bien là la vie d'un homme! On ne peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment étrangler son prochain".


René Char meurt d'une crise cardiaque le 19 février 1988. En mai de la même année, paraîtra un recueil posthume "L'éloge d'une soupçonnée ".

Œuvres :


Le Marteau sans maître, 1934
Placard pour un chemin des écoliers, 1937
Dehors la nuit est gouvernée, 1938
Feuillets d'Hypnos, 1946
Fureur et mystère, 1948
la Parole en archipel, 1962
la Nuit talismanique, 1972
Chants de la Balandrane, 1977


Allégeance


Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?

Extrait de ( eloge d’une soupçnnée )

Pyrénées

Montagne des grands abusés,
Au sommet de vos tours fiévreuses
Faiblit la dernière clarté.
Rien que le vide et l'avalanche,
La détresse et le regret!
Tous ces troubadours mal-aimés
Ont vu blanchir dans un été
Leur doux royaume pessimiste.
Ah! la neige est inéxorable
Qui aime qu'on souffre à ses pieds,
Qui veut que l'on meure glacé
Quand on a vécu dans les sables.

"Commune présence"